


Jean Pierre et moi sommes arrivés samedi soir à Lomé après huit heures de vol et une escale incongrue à Accra au Ghana.
Marceline, Richard et Darrel nous attendaient avec un chauffeur de taxi, Michel, qui nous conduit toute la semaine. La voiture de Michel n’a plus d’amortisseurs; nous n’avons pas encore eu l’occasion de vérifier qu’elle avait des freins.
Nous avons rencontré le dimanche un certain nombre de jeunes gravitant autour de la maison des frères et convergeant de Kpalimé (120 km de Lomé), Tsevié (30 km) et du quartier d’Adidogomé où se situe la maison des frères.
Nous avons rapidement fait quelques constats rassurant sur la maison et ceux qui lui donnent une âme.
Cette maison est ouverte à la trentaine de jeunes qui aspirent à la fréquenter, y trouvant chaleur humaine, secours immédiat, ressources diverses. Elle est bien insérée dans le quartier où ses animateurs ont su faire les gestes d’entraide qui leur ont permis d’être adoptés, mettant par exemple à disposition le puits dans la cour qui fournit une eau saine et abondante (tout le contraire du réseau public de distribution qui n’arrive pas toujours dans les maisons).
Le quartier d’Adidogomé est calme et aéré. Il est excentré ce qui occasionne des temps et des coûts supplémentaires de déplacement dans Lomé mais les jeunes qui y vivent apprécient son calme.
Après une période agitée qui a vu Didier Amaglo (dit « petit Didier ») quitter, à son initiative, la Maison et l’association l’équipe d’animation semble se stabiliser autour de :
Richard, le garant de la continuité,
Darrel (de Kpalimé) qui forme un efficace tandem avec Richard,
Alvin, étudiant en économie à l’Université de Lomé
Justin, informaticien au chômage.
Richard, Alvin et Justin vivent en permanence dans la Maison et donnent le sentiment d’être engagés pour la réussite de son projet, tout en bénéficiant clairement de l’abri qu’elle procure, d’être solidaires entre eux et mutuellement bienveillants.
La maison des frères apparaît donc investie, gérée et accueillante.
Pour mieux la rendre accueillante et attirante nous avons immédiatement négocié avec les Telecom le tirage d’une ligne ADSL pour doter la maison d’un Wi-fi digne de ce nom. Nous saurons d’ici l’été si Togo Telecom a respecté son contrat. Nous avons également acheté des matelas supplémentaires et des ventilateurs pour améliorer son confort. Nous songeons à acheter une télévision plus grande. Les jeunes sont très friands de séries, de documentaires animaliers et de matchs de foot. La mondialisation s’incarne dans cet accès quasi illimité aux images du monde entier et à la culture du foot européen. Chaque jeune de la maison semble connaitre le pedigree de chaque joueur de Marseille, du PSG ou du Barça. Le score de chaque match de l’équipe de France de football est connu depuis la coupe du Monde de 1998.
Il faut laisser du temps à cette équipe de réaliser le projet que nous lui avons confié et que nous finançons et ce sans que leur trajectoire personnelle d’insertion en soit abimée.
Demain nous partons à Kpalimé voir quelques anciens de la maison pour entretenir voire ranimer la flamme et évaluer les projets de formation ou d’insertion pour lesquels ils nous demandent de les aider financièrement.