Edito juillet 2021

LA LETTRE DES AMIS DE LA MAISON DES FRERES
juillet  21–lettre N° 29

EDITO : IMPRESSIONS D’UNE VISITE A LA MAISON DES FRERES

 

Début juillet, un voyage professionnel en Côte d’Ivoire m’a donné l’opportunité d’un court séjour au Togo, pour visiter la Maison des Frères. Arrivé en fin de matinée à Lomé je m’y suis rendu immédiatement. Didier et Josué se sont mis à la préparation du repas collectif que nous avons partagé. Le petit groupe était chaleureux, les visages ouverts, la musique assourdissante (révision de la variété des années 70….).

Il reste un peu difficile de savoir avec précision qui y vit en permanence : J’ai identifié Didier, Barnabé, Josué, Achille, Dominique, Michel et Honorine dans la double chambre hors de la maison, Augustin dans la deuxième chambre externe. J’ai fait la connaissance d’Honorine et revu Justin et Marceline dont la chambre partagée avec sa tante (qui a le même âge qu’elle) est toute proche de la maison. Cette chambre respire la misère mais on y trouve quelques manuels de droit édités par Dalloz car Marceline a entamé des études de droit. Aimé vit également à proximité de la Maison. Il est styliste comme Michel ou comme l’était Josué.

Marcel A. était venu de Kpalimé. Il avait un chantier de rénovation de Lomé. Je ne l’ai vu que dimanche mais c’était très bien. Il est en grande forme. Il a eu un 2ème enfant. Il continue à faire pousser du maïs et des ignames sur le champ de Kpalimé que nous avons financé.

J’ai fait la connaissance de Jonathan, notre mandataire recruté par Géraud : mon impression est excellente sur tous les plans. Jonathan est une divine surprise.

J’ai passé la journée et demi à faire des rencontres individuelles, faisant le point avec les anciens et découvrant les nouveaux (Andy, un autre Samuel, Alfred, un nouveau Roland).

La Maison est propre et bien tenue, elle est équipée de l’essentiel (frigo, TV, cuisinière, matelas, table et chaises) assurant un relatif confort. Michel a décoré sa chambre qui m’avait laissé un souvenir sordide. Il y a même un bout de jardin où poussent du basilic et quelques plants de tomate. Les peintures faites par Samuel commencent à cloquer, le toit a une fuite, bref le propriétaire ne s’en occupe pas. Je vais lui écrire puisque je suis le locataire officiel de la maison.

Nous avons dialogué sur l’implantation de la Maison actuellement peu centrale, l’absence de wifi, la question centrale du transport (motos), etc…

La maison est gérée par le duo Didier- Barnabé qui s’entend bien (ils me le disent chacun et cela est confirmé par les autres). En fait Didier bosse et Barnabé commande. Didier est à nouveau sous la coupe d’un dominant. Il faudra continuer à être vigilants.

Les résidents et quelques très proches de la Maison (10 jeunes) touchent 20 000 CFA (30€) par mois de notre part ce qui correspond, nourris et logés, à un RSA. Ils travaillent avec plus ou moins de réussite (Michel, Barnabé, Dominique, Achille, Augustin). La Covid a eu un effet économique dépressif ici aussi. Didier n’a pas encore d’activité externe ni de revenus. De fait il s’occupe de la maison et des autres avec le dévouement qu’on lui connait. Josué travaille pour une association accompagnant des malades du Sida (distribution du traitement, suivi général) de laquelle il touche 45 000 CFA (69 €) par mois. J’ai connu Josué en 2018 qui fréquentait déjà la maison. J’avais été touché par sa douceur, sa gentillesse et sa finesse.

Autour de ce premier groupe de jeunes, vivant dans la maison, l’on trouve, des jeunes de Tsévié (Samuel, Roland, Alfred) amis de Prince (lui-même très en forme) et de Lomé (Aimé et Andy, Justin et Marceline). Marcel me dit qu’il vient régulièrement de Kpalimé depuis le départ de Richard.

Les demandes d’études et de financement de projets individuels sont nombreuses. Le lien avec la vie à la maison n’est pas automatique, loin de là. Les jeunes de Tsévié, rabattus par Prince ou Didier, n’ont pas forcément cette aspiration mais voudraient bénéficier de la pension mensuelle, du financement d’étude ou d’une aide à l’insertion économique.

Les demandes d’études supérieures sont circonscrites à Josué ou Andy, qui sont de Lomé. Elles sont potentiellement hors de notre portée par leur coût. Le système privé « supérieur », prospère en Afrique, constitue une belle arnaque. Son coût en parité de pouvoir d’achat le destine aux enfants de la bourgeoisie.

Les demandes d’aide au financement d’activité concernent des activités de couture (Michel, Dominique) de tapisserie (Prince), de restauration/traiteur (Achille et Augustin), d’épicerie générale (nouvelle idée de Didier) ou de bâtiment (Samuel). S’agissant de la confection, je trouverais plus sensé de financer un site internet présentant les créations de Michel, d’Aimé ou les achats de Dominique.

La revendication d’être auto-entrepreneur fait écho au refus d’être exploité par un patron qui capte la valeur ajoutée. Cela m’a été bien expliqué par Marcel dans le secteur du bâtiment mais c’est un peu la même chose dans la confection. Michel, Prince, Dominique, Barnabé, Samuel, qui ont tous plus de 25 ans, aspirent à vivre de leur métier et demandent, leur formation terminée, à ce qu’on les aide à s’installer et à quitter leur patron.

Une nouvelle réunion de bureau permettra de revisiter les sujets suivants : implantation de la Maison, Wifi, parc de motos collectives, micro-projets collectifs, atelier informatique et entrée de nouveaux jeunes. Ces questions auront également à être reprises lors de la prochaine visite, sur un temps plus long, prévue par 2 membres de notre bureau à l’automne prochain.

Pierre-Emmanuel LECLERCQ

Président

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