« Reconnaître autrui, c’est reconnaître une faim. Reconnaître autrui, c’est donner » Emmanuel LEVINAS dans « Totalité et infini »
EDITO DE PASCAL BORIES Se placer sous la figure tutélaire d’Emmanuel Levinas, n’est pas chose facile, mais, a contrario, la phrase ci-dessus nous sollicite simplement. A lire la presse sur l’impact de la pandémie actuelle en Afrique, on comprend qu’elle s’y développe plutôt moins qu’ailleurs, sans bien comprendre pourquoi. Le virus n’aimerait pas les climats chauds … mais il y a des contre-exemples dans d’autres régions équatoriales. L’Afrique aurait une expérience des pandémies que nous n’avons plus : certes, mais l’explication est courte. La population est majoritairement jeune et beaucoup moins marquée que nos sociétés occidentales par les maux de la surconsommation, c’est fort probable. Dans ce contexte sanitaire , la situation de la communauté LGBT dans des pays où l’homosexualité est toujours condamnable par la justice, le Journal Le Monde du 24 juillet 2020, dans un article intitulé « On m’a accusé d’avoir apporté la pandémie au Sénégal, une punition de Dieu pour mon homosexualité ». nous rapporte l’enfer qu’a vécu un des jeunes: « Longtemps, Moustapha a vécu son orientation sexuelle en cachette de sa famille, jusqu’à cette « journée horrible » qui a changé sa vie il y a quatre ans. « Nous fêtions l’anniversaire d’un ami. Mais un voisin a averti le quartier qu’un mariage homosexuel était célébré. Ils sont venus avec des couteaux, des bâtons, ils ont forcé la porte et saccagé l’appartement. J’ai été frappé violemment et blessé à l’arme blanche », se souvient le jeune homme, qui en porte encore les cicatrices sur le flanc droit et sur le crâne. « A partir de là, toute ma famille était au courant. A la maison, plus personne ne me parlait », se souvient-il douloureusement. » Nos jeunes amis de la maison des frères (qui pour certains se reconnaissent en Mustapha) nous confirment qu’il n’y a pas actuellement de malades parmi les jeunes qui habitent ou fréquentent la maison, ni au sein de leurs familles proches. Certains signalent que la rumeur évoque des malades du Covid-19 dans un autre quartier, dans tel village, bref, ailleurs. Probablement que des personnes meurent silencieusement chez elles, sans entrer dans aucune statistique : restons vigilants. Emmanuel Levinas nous parle de la faim d’autrui, pas d’abord alimentaire. Pourtant la presse internationale nous alerte sur le risque majeur de famine en Afrique et dans d’autres parties du monde. Les jeunes que j’ai eus récemment au téléphone le confirment. Certes la terre togolaise est généreuse – le champ de Marcel l’illustre (voir ci-après) – mais les autorités politiques du pays ont rapidement confiné en coupant les communications du pays et entre villes et villages. Le risque de ruptures graves d’approvisionnement est réel, et sur des produits de première nécessité. Merci donc à chacune et chacun d’entre vous, de reconnaitre autrui en donnant ! Cela nous permet chaque mois, en votre nom à tous, de ravitailler ce petit groupe de jeunes qui, de surcroit, gardent leur joie de vivre. Pascal |