Père Abbé nous a quitté

Chers Amis et bienfaiteurs de
la Maison des frères

Jacques Galichet pour son état civil, l’Abbé du monastère olivétain d’Abu Gosh en Israël, le père fondateur de l’Association de la Maison des Frères, notre Président d’honneur, est décédé samedi 6 juillet dans une unité de soins palliatifs à Jérusalem.

Le cancer du pancréas a eu raison de lui. Il se savait condamné depuis le printemps mais a lutté jusqu’au bout tant il aimait la vie.

Il sera enterré ce lundi 8 juillet dans le magnifique jardin du monastère d’Abu-Gosh, aux côtés de deux autres fondateurs de ce monastère, le Père Jean-Baptiste et le Frère Alain.

Les communautés des moines et des moniales d’Abu-Gosh, qui nous soutiennent tant et qui nous accueillent chaleureusement, sont bouleversées. Pascal, Brigitte, Jean-Pierre et moi-même le sommes à l’unisson. Nous étions allés passer une semaine avec lui, avec eux, en octobre dernier, lors d’une phase de rémission qui nous avait laissé espérer une guérison. Sa présence bonhomme à l’Assemblée Générale en  décembre  dernier  nous avait illusionnés.

Notre Père Abbé avait découvert la condition doublement douloureuse des homosexuels à la prison de la Santé à Paris où il était aumônier et avait fait son combat de la solidarité avec cette « minorité sexuelle » comme on dit.

Après la prison, cette solidarité, cette assistance à personnes en danger, s’était appliquée aux jeunes homosexuels togolais au travers de la maison de Fofo puis de la Maison des frères quand cette maison d’accueil s’était déplacée de Kpalimé à Lomé.

Il insistait constamment sur le « vivre ensemble », synonyme de fraternité entre les jeunes exposés à la même pauvreté d’une part  à  la même hostilité familiale d’autre part, plus que sociétale d’ailleurs. L’homosexualité masculine ou féminine est passible d’amendes et de prison au Togo, comme dans la plupart des pays africains où elle est considérée comme une déviation apportée par les colons blancs, mais elle est heureusement peu réprimée par l’appareil d’Etat.

Le Père Abbé aimait énormément l’Afrique sans que cet attachement soit très argumenté. Il avouait ne pas en comprendre les mentalités et levait les yeux au ciel quand nous lui faisions part de notre dernière « surprise ». Cela ne remettait jamais rien en cause dans son engagement en faveur de la Maison des Frères et cette indulgence, ce refus de juger forçait notre admiration et nous obligeait.

Il détestait la prétention à la Sainteté et se défendait de concourir dans cette catégorie.  Il aimait les hommes et les femmes de foi qui l’avaient rejoint tout autant que les athées, les agnostiques, dans la défense de cette cause qui n’allait pas de soi pour nombre d’entre nous mais à qui il savait donner sa pleine dimension fraternelle. Les jeunes de la Maison des Frères, en manque de pères pour la plupart, l’adoraient et le recevaient avec ferveur.

Il va terriblement nous manquer et à l’association aussi. A vrai dire nous sommes sidérés, le souffle coupé, conscients du poids de l’héritage altruiste qu’il nous laisse. Nous savons seulement que les jeunes de la Maison des Frères comptent sur nous tous.

Pierre-Emmanuel LECLERCQ
Président de l’association des
Amis de la Maison des Frères